Dans ce nouvel article-interview de “Parole de Rôliste”, je vous partage mon échange avec Bigyo’ (oui, c’est un pseudo !). Il est le créateur de “FEI : le Jeu de Rôle créateur de légendes”. Ce JDR disponible en PDF et en impression à la demande a en effet suscité ma curiosité. Explications. 🧐
Bonjour ! Tu es le créateur de “FEI” : le Jeu de Rôle créateur de légendes. Tu peux nous en dire plus sur ce jeu ?
Bonjour et merci pour cette interview ! “FEI” est un Jeu de Rôle qui propose d’interpréter des légendes en devenir, des figures providentielles, des personnages héroïques, dans des univers médiévalistes plutôt “low fantasy”. 🏰
Il s’agit donc d’un ensemble de règles pour jouer dans ce type de contexte. Sans pour autant proposer de cadre de jeu précis, laissant tout le loisir à la MD (la Main du Destin dans le jeu, équivalent du MJ classique) de s’en servir pour son univers, à partir du moment où les PJ sont destinés à sauver le monde et que ce dernier cadre l’utilisation de la magie de manière “raisonnable” (en particulier pour les PJ).
Qu’est-ce qui fait la particularité de ce système de jeu ?
La chose la plus visible est que le jeu utilise 3 dés à douze faces pour fonctionner. Le système s’inspire de règles traditionnelles, les personnages sont constitués de caractéristiques, de domaines et de talents dont les valeurs vont déterminer un seuil de réussite. 🎲
Pour qu’une action soit un succès, il faut lancer les 3D12 et qu’au moins 2 dés affichent une réussite. C’est-à-dire un score inférieur ou égal au seuil de réussite déterminé par les statistiques du PJ.
Évidemment, la difficulté d’une action ou l’adversité pourra venir modifier ce seuil en apportant bonus ou malus.
Afin de ne pas être uniquement tributaire du hasard, les joueuses et les joueurs ont la possibilité de garder des scores de côté pour les utiliser plus tard dans la partie pour faire basculer un échec en réussite : c’est ce qu’on appelle “les réussites de providence”.
Mais cette mécanique a également un impact sur le gain d’expérience du personnage : le coup de pouce de la providence facilitant le jeu, l’expérience gagnée sera moins importante (“no pain, no gain”).
Ce sera donc à la joueuse ou au joueur de jongler entre réussite à des moments cruciaux ou gain d’expérience pour obtenir plus vite une nouvelle capacité par exemple. 🤔
À noter que ce n’est pas le seul moyen de gagner de l’expérience dans “FEI”. Les personnages sont définis par des traits de personnalité, une ambition, etc.
Bien qu’on ne demande pas aux joueuses et aux joueurs d’interpréter leurs PJ de manière théâtrale, le jeu veut encourager le “role play” par la prise de décision en fonction de la personnalité du PJ. Il récompense cette manière de jouer par des points d’expérience.
Pour finir, on peut noter au niveau des particularités du système de jeu, que la MD ne fait quasiment pas de jet de dés (à l’exception du “jet de Destin” dans des circonstances bien particulières). Tout se fait en action ou en réaction par rapport aux PJ.
Également, au fur et à mesure du développement des PJ, les joueuses et les joueurs doivent inscrire sur “une feuille de Légende” les hauts faits de leurs PJ durant la campagne jusqu’à une sorte de “niveau maximum” (même si ce n’est pas un jeu à niveau) où le PJ devient alors une légende vivante et passe à la postérité. 🤴
À ce moment-là, la joueuse ou le joueur peut encadrer ses feuilles de Légende et de PJ et créer un nouveau personnage… Mais cela n’arrive qu’après des dizaines (voir des centaines) d’heures de jeu…
Comment as-tu eu l’idée de créer ce système de JDR ? Quel a été le déclic ?
Depuis que j’ai découvert le JDR en 2003, je n’ai eu de cesse d’écrire des jeux, des scénarios, des univers, des systèmes, pour des jeux maisons, amateurs, ou pour des concours de création. Ça fait partie de mon ADN en quelque sorte.
En ce qui concerne, le système de “FEI”, à la base, il a été créé pour un projet de Jeu de Rôle qui s’appelle “Ardri : les légendes d’Enorhim”, un jeu où l’on joue des figures providentielles sur une île fictive inspirée par le folklore irlandais.
C’est un jeu qui a été testé auprès de plus de 100 personnes entre 2016 et 2020 à travers plusieurs conventions. Problème : si j’étais arrivé à une version des règles satisfaisantes, je n’arrivais pas à rédiger l’univers au propre (et je n’y arrive toujours pas pour le moment).
Lorsque l’affaire de l’OGL avec Donjons et Dragons a éclaté en début 2023, et que certains commençaient à se demander s’ils n’allaient pas devoir changer de système de jeu, je me suis dit que le système de “Ardri” avec quelques remaniements mineurs pourrait très bien constituer une alternative accessible et intéressante au D20 ou même au D100 utilisé sur d’autres jeux plutôt “dark” ou “low” fantasy.
Je me suis donc attelé à remanier légèrement les règles, tout en prenant la décision que je ferai sortir ce jeu de manière indépendante de “Ardri” et en totale autonomie.
Autre chose à savoir sur “FEI” ?
“FEI” est plutôt destiné à être joué en campagne, il a été pensé ainsi.
Évidemment, on peut tout à fait y jouer en “one-shot”, pour en faire des démonstrations lors de conventions par exemple. Mais on ne profite de l’expérience à 100% que sur une campagne de plusieurs séances.
Qu’est-ce qui, selon toi, constitue la force du Jeu de Rôle ?
Pour moi, la force du Jeu de Rôle, c’est cette capacité à faire appel à la créativité et à l’imaginaire des joueuses et des joueurs.
C’est cette possibilité de créer un cadre où cette énergie créative va rassembler les gens pendant quelques heures afin de partager un moment actif dans une fiction (alors que devant un film ou un livre, on est plutôt passif). 👨👩👧👦
Le tout pour finir par l’émergence d’une histoire commune, du plaisir de jeu, et de la joie d’être ensemble. C’est juste le meilleur jeu du monde.
Et en tant qu’auteur, c’est LE média qui me permet d’exprimer ma créativité et de partager mon univers avec le reste du monde.
Certaines idées reçues font des JDR une activité seulement réservée aux initiés. Quelle est ton opinion ?
Je pense que tous les hobbies sont plus facilement approchables à partir du moment où une connaissance va vous “initier” à sa passion. Et ça, je pense que c’est vrai même pour des choses très populaires comme le football par exemple.
Maintenant, niveau accessibilité, il est vrai que le JDR et le foot pour rester sur cet exemple, ne profitent pas des mêmes moyens. Si vous vous êtes découvert un engouement pour le foot, vous allez avoir des tas de canaux par lesquels vous allez pouvoir vous rapprocher de votre passion.
Pour le JDR, ces canaux sont moins étendus et moins présents, même si le loisir tend à être de plus en plus visible ces dernières années.
En dehors de ces considérations, je ne pense pas que cela soit “réservé” à des “initiés” ou à des personnes en particulier. Tout le monde peut faire du JDR et d’ailleurs, de plus en plus de monde souhaite découvrir ce loisir. 😀
À nous, pratiquants de plus ou moins longues dates, de faire découvrir le JDR à de nouveaux publics et à lui décoller l’image de “réservé à des initiés”. Personnellement, dans ma pratique, j’ai toujours eu affaire à de nouvelles joueuses et de nouveaux joueurs, avec qui j’ai fait de mon mieux pour partager ma passion.
Cela a même été une activité récurrente pendant un temps, entre collègues de boulot et lancé par un autre rôliste de longue date, avec des personnes qui n’avaient pas particulièrement d’affinité avec le JDR à la base.
Enfin, aujourd’hui, il y a tellement de choix dans la manière de faire du JDR, que tout public peut y trouver son compte en matière de jeu, de contenu, de fréquence des parties, de longueur des parties, etc.
Bref, faites du Jeu de Rôle, partout, tout le temps, avec tout le monde !
Y a-t-il une autre question que tu aurais aimé que je te pose ?
Pourquoi pas quelque chose du type “et à part FEI ?”. Ce à quoi j’aurais répondu quelque chose du genre : eh bien à part “FEI”, vous pourrez me retrouver (dès qu’il sera livré) dans le jeu “EMYSFER” d’Olivier Ranisio, où j’ai écrit la majorité des scénarios disponibles.
Également, vous pouvez échanger avec moi concernant le concours de création “Il était une fois un petit jeu de rôle” dont je suis le co-organisateur avec Mélisande de Lassence, et dont la prochaine édition se tiendra du 26 mai au 11 juin 2024.
Enfin, après “FEI”, il y aura bien un jour où je terminerai “Ardri : les légendes d’Enorhim”. Mais je risque probablement de sortir d’autres jeux avant. J’ai plein d’idées en tête que j’espère concrétiser prochainement ! 📚
Où retrouver toutes les informations concernant ton Jeu de Rôle ?
Vous pouvez avoir toutes les infos, notamment des vidéos d’actual play, depuis mon blog : https://bigyojdr.blogspot.com/p/fei-le-jeu-de-role-createur-de-legendes.html
“FEI : le jeu de rôle créateur de légendes” est disponible en PDF et en impression à la demande sur lulu.com à cette adresse : https://www.lulu.com/fr/spotlight/bigyojdr
À bientôt et merci encore pour cette interview !
Merci à toi, Yoann/Bigyo’, ainsi qu’aux lecteurs qui nous liront ! 🤗
Je prends toujours plaisir à échanger avec des rôlistes (créateurs ou non d’ailleurs) sur leurs pratiques et conseils concernant ce formidable loisir qu’est le Jeu de Rôle.
C’est tellement intéressant de voir la richesse des approches, des styles de jeu, des créations…
Justement, si vous voulez découvrir d’autres interviews de rôlistes, rendez-vous juste ici !
À bientôt,
Thibaut