Dans ce nouvel article de la série « Parole de Rôliste », je vous invite à découvrir un nouveau Jeu de Rôle. Voici une interview de Frédéric, auteur du JDR « Argyropée », bientôt en financement participatif à l’heure où je publie ces lignes. Il s’agit d’un JDR de Renaissance-fantasy qui se déroule dans une ville pleine de mystères… ⚔️
Bonjour Frédéric & bienvenue sur JDR-Mania ! En quoi consiste le Jeu de Rôle Argyropée que tu es en train de développer ?
Bonjour Thibaut et merci à toi de m’accueillir sur ton site. Pour ceux qui ne me connaissent pas, je suis Frédéric Marin et j’ai écrit le JDR Argyropée, dont le financement participatif aura lieu à partir du 7 mars 2023 sur Game on Tabletop.
Argyropée est un JDR de Renaissance-fantasy qui se situe dans un univers urbain optimiste, celui de la cité franche d’Argyropée. Cette immense ville, aussi opulente qu’intellectuelle, est le phare de la civilisation de cet univers de jeu où les maître-mots sont science, art, politique et religion, mais aussi commerce, magouilles, pègre et mystères. 🎭
En effet, Argyropée prend place dans un cadre citadin pétillant qui cache bien des secrets sous un apparent vernis de tranquillité.
Argyropée : pourquoi ce nom et qu’est-ce que ça signifie exactement ?
Si l’on ouvre le dictionnaire, on trouvera cette définition : ARGYROPÉE, terme d’alchimie qui consiste à transmuter des métaux de mauvaise qualité en du minerai d’argent.
Or, l’argent est justement à la base de tout dans ce JDR. La cité franche, qui a donné son nom à ce jeu, est bâtie sur une immense colline argentifère qui a été exploitée durant plusieurs siècles afin d’en extraire quantité de métal.
Cet apport constant a permis à la cité de devenir riche, de s’affranchir partiellement de l’autorité du Grand-Empire et de pouvoir se développer comme bon lui semblait. 💰
Gouvernée par des gens qui placent le bien-être de la société avant la guerre ou le pouvoir, Argyropée est devenue le phare de la civilisation. De nouvelles technologies sortent quotidiennement des ateliers et des hauts-fourneaux (poudre noire, horloges, montgolfières, seringues…), les artistes et les penseurs jouissent d’une grande autonomie et la religion aide les plus indigents.
Grâce à l’argent, Argyropée peut se vanter d’offrir un cadre de vie (et de jeu) unique, loin des univers dark-fantasy déprimants qui sont légion aujourd’hui.
Qu’est-ce qui fait la particularité d’un univers de Renaissance-fantasy ?
Premièrement, cela implique que nous sommes sortis de la période moyenâgeuse où les maisons sont principalement en bois et en chaume, où la terre boueuse souille les rues et où il règne une certaine forme d’obscurantisme.
La société a évolué et l’on ne porte plus guère d’armure ou d’armes blanches dans la ville (la loi sur le port d’armes est stricte). Finies les grandes batailles entre duchés, l’heure est aux salons bourgeois et aux bals aristocratiques.
Les révolutions scientifiques ont fait avancer le peuple dans tous les domaines et simplifié bien des tâches, mais la pègre jouit elle aussi de tout cela. Depuis l’invention de la poudre il n’y a plus d’hommes forts, seulement des hommes plus rusés. 🔫
Secondement, et c’est le point le plus important selon moi, la Renaissance reflète surtout l’évolution de la société. Art, philosophie, ingénierie, politique, société, commerce ou religion, la Renaissance c’est la floraison d’idées nouvelles, l’élévation du petit peuple vers des conditions meilleurs.
Dans ce JDR, les joueurs seront plongés dans un univers où tout le monde sait lire et écrire, où la religion n’est pas despotique et où faire appel à la Garde ne signifie pas être racketté. Les femmes sont les égales de l’homme, l’éducation est obligatoire jusqu’à 12 ans et, pour des raisons propres au jeu que je vous laisserais découvrir un peu plus bas dans cette interview, le meurtre n’existe quasiment plus. ⚖️
Comment retranscris-tu une « ambiance urbaine » dans un JDR ?
Il suffit de regarder autour de soi. La ville n’a pas foncièrement changé depuis la Renaissance européenne : elle est toujours un peu bruyante, il y a toujours du monde dans la rue, nuit et jour, et l’on rencontre une énorme diversité de profils, de commerces et d’événements mondains.
Les cloches sonnent, les calèches roulent sur des pavés inégaux, des enfants jouent aux billes dans une ruelle et un aéronef vient frôler le faîtage d’une maison à encorbellement. 🛩️
Lorsque l’on joue dans Argyropée, il y a toujours quelqu’un dans la rue, toujours une chose à faire ou à voir, toujours une enseigne ouverte. Il suffit de frapper à une porte pour ouvrir une nouvelle possibilité de scénario.
De plus, ce foisonnement humain permet de mettre au premier plan les cercles intimes des Personnages Joueurs : tout le monde a un parent, des amis, des ennemis ou des connaissances en ville. 👨👩👧👦
Cela permet d’ancrer le personnage dans son quotidien, mais aussi de déverrouiller des situations compliquées grâce à un réseau logique de Personnages Non-Joueurs.
D’où vient ta passion pour les Jeux de Rôle ?
Vers mes quinze ans, j’ai entendu parler du Jeu de Rôle pour la première fois.
Étant à l’époque un joueur moyen de Magic (mais qui a eu la bonne idée de conserver ses cartes de l’époque, coucou les Berceaux de Gaïa, Monolithes sinistres et autres Moxs de diamant), mon cercle ludique chevauchait le cercle des joueurs de D&D.
Ma curiosité était piquée. J’ai acheté le Manuel des Joueurs v3.5, que j’ai potassé seul, juste pour le plaisir de la découverte. 🤓
Puis un jour, au lycée, j’ai vu un garçon qui lisait lui aussi le Manuel des Joueurs, seul à une table devant le réfectoire. Je suis allé le voir et nous avons immédiatement commencé à discuter, puis à tisser un lien d’amitié qui perdure aujourd’hui. Cet ami, Tam, fut mon compère de jeu pendant une décennie, avec d’autres aventuriers que je porte chèrement en mon coeur : Jordan, Loïc, Sylvain, Bibi…
Nous avons vécu des aventures incroyables, partagés des moments poignants et je pense qu’aujourd’hui nous regrettons tous un peu cette époque insouciante.
Comment est né Argyropée ?
Ce JDR est le fruit de mon expérience ludique. Au fur et à mesure des années de jeu, j’ai mieux cerné ce que j’aimais et ce que je ne voulais plus voir dans un JDR. Pas de porte-monstre-trésor, pas d’elfe, de nain ou de races archétypales, pas de magie hyper bourrine, mais par contre des intrigues riches.
N’ayant jamais trouvé de JDR parfaitement à mon goût, j’ai décidé d’écrire le mien.
Après une dizaine d’années de réflexion parcellaire, j’ai commencé à esquisser mon monde. L’action concentrée dans une seule mais gigantesque cité, des règles simples et rapides, mais pas simplistes pour autant. Un système souple et permissif qui donne la priorité aux actions d’éclat. Des combats rapides. Pas de sort de résurrection, de chute de météore ou d’invocation de démons, mais bien quelque chose de plus subtil, de plus doux.
Et surtout des secrets interconnectés qui expliqueraient toutes les étrangetés de ce monde de manière cohérente.
Quels sont tes JDR préférés ?
Je suis né avec D&D 3.5, je lui resterai fidèle jusqu’au bout malgré ses défauts, sa lourdeur et ses règles alambiquées.
Ensuite, je dois avouer aimer Cthulhu, mais pas du tout pour son côté horrifique. Je préfère que la peur reste feutrée, que l’indicible effraie plutôt qu’il ne déchiquette. Les parties que je mène dans Cthulhu ne sont pas tout à fait comme les autres, plus entre-deux-eaux, plus étranges, sans jamais tomber directement nez-à-nez avec une abomination non-Euclidienne. 🐙
Vampire: la Mascarade est aussi un pilier du genre pour moi, dans son approche politique des vampires, dans son final fataliste. « Le Mal engendre sa propre récompense » pouvait-on lire dans la v1 des règles.
Tout est dit. Et puis sinon je suis grand amateur des univers de jeu qui développent des cités urbaines (Nightprowler, Exil…) et des mondes clos (Aventures dans le Monde Intérieur) plutôt que de vastes continents remplis de rien.
Enfin, un petit mot pour l’hermétisme doux de Nephilim (v1/v2), malgré la purge que sont le livres de la v1 en matière de maquettage et de textes truffés de fautes. 📚
Quel(s) Jeu(x) de Rôle(s) conseillerais-tu pour se lancer ?
Tous. Il n’y a pas de mauvais JDR avec lequel commencer, il n’y a que de mauvais MJs qui ne savent pas adapter leurs parties aux novices. J’ai vu des joueurs commencer avec du Rolemaster et d’autres avec des JDRs sans règles, et le constat est le même : tant que l’on s’amuse, on accroche.
Il faut trouver un univers qui nous branche, une bande copains avec qui on partage une même envie (des scénarios d’aventure, de la comédie, de l’horreur …) afin d’avoir une ambiance cohérente et hop c’est parti. Les règles ? On s’en fout si elles sont écornées. Jouons ! 🎲
Y a-t-il une question que tu aurais aimé que je te pose ?
Oui : qu’est-ce qui différencie Argyropée d’autres univers Renaissance-fantasy ? Au final, l’univers que j’ai dépeint, même s’il est inhabituel dans le cadre rôlistique français, reste convenu.
Sauf lorsque l’on apprend que la cité est sous le joug de plusieurs anathèmes dont les origines sont inconnues. La première est la Mélancolie, une maladie apparemment mentale qui frappe les habitants lorsqu’ils essaient de s’éloigner trop longtemps de la cité franche. Cela concentre le jeu dans la cité, tout en apportant un tissage complexe de liens commerciaux entre Argyropée et le reste du monde.
Ensuite vient le Châtiment vermeil, qui colore de rouge les yeux des meurtriers. Cette intention de jeu vient d’une volonté de remettre au premier plan l’acte de tuer, qui est devenu complètement banalisé en JDR et qui pourtant est lourd de sens et de conséquences. Avec le Châtiment vermeil, la manière d’aborder une aventure urbaine change complètement.
Où peut-on retrouver les actualités concernant le JDR Argyropée ?
Vous pouvez suivre l’évolution du projet (news hebdomadaires) via les liens suivants :
– Game On Tabletop : https://www.gameontabletop.com/cf880/argyropee.html
– Instagram: @argyropee
– Facebook: https://www.facebook.com/ArgyropeeJDR
– Discord: https://discord.gg/DyAqEgYb22
– Email: argyropee@gmail.com
Merci beaucoup à Frédéric pour ses explications claires sur ce nouveau JDR qu’est Argyropée. Très original comme univers ! Et ça fait du bien de ne pas avoir un jeu principalement focus sur le fait de tuer de gens ou des créatures.
Bref, tout ça m’a mis l’eau à la bouche… 😊
Thibaut
Commentaire sur “Interview du créateur du JDR Argyropée”
Avec le Châtiment Vermeil, Nightprowler ne serait plus ;°)
Très chouette comme idée tant scénaristique que d’univers.