Souvent, l’initiation au Jeu de Rôle paraît délicate à aborder. Le JDR est en soi un ovni ludique. Mais si on prend le temps de s’intéresser aux joueurs qui débutent, ainsi qu’à la pertinence des règles et des outils à notre disposition, ce moment devient un véritable plaisir de jeu. Je vous propose 5 conseils-clés pour une initiation au Jeu de Rôle réussie. Vous pourrez ainsi facilement amener vos amis à partager votre passion et vivre ensemble des aventures uniques. 😀
Note de Thibaut : Cet article a été rédigé par Yannick Fintoni (dont vous pouvez aussi retrouver le profil Facebook), un collègue rédacteur web ayant suivi la même formation que moi (cf ma page à propos pour en savoir plus à ce sujet). Joueur de Jeu de Rôle depuis le milieu des années 80’s, Yannick nous partage son expérience de rôliste. Vous verrez qu’il a à coeur de passer le flambeau ! 🔥
Conseil n°1 : Mettez vos joueurs au centre de l’initiation au Jeu de Rôle
En proposant une partie de Jeu de Rôle, vous allez devoir répondre à : « Qu’est-ce qu’un Jeu de Rôle ? ».
Il existe plusieurs manières de l’expliquer. En fonction de vos joueurs, votre réponse doit s’adapter. Comment expliquez-vous le Jeu de Rôle à une personne :
- qui joue au jeux vidéo ?
- qui est fan de série TV ?
- qui joue déjà à des jeux coopératifs de plateaux comme Zombicide ?
- qui lit énormément ?
- qui pense que Le Seigneur des Anneaux est un film qui parle d’un tueur en série ? 😁
Autant de possibilités que de joueurs, mais plus vous serez à l’aise avec l’explication, plus vos joueurs auront une réponse personnalisée.
Votre initiation au Jeu de Rôle va devenir la découverte d’une nouvelle façon de jouer : vous êtes déjà en train de leur montrer que le JDR est le seul jeu qui s’adapte aux joueurs ! En connaissant au mieux vos joueurs vous allez pouvoir leur proposer un univers en relation avec leurs centres d’intérêts et ainsi créer de la curiosité.
Les fans de Sherlock Holmes seront un peu moins à l’aise pour débuter au milieu des Dragons de Games of Thrones. Bien que dans l’univers Steampunk, ça passe ! 🐲
Astuce : J’ai pris pour habitude d’expliquer le Jeu de Rôle avant la première partie, autour d’un verre par exemple ou lors d’un débrief de série (moment idéal, car tout le monde a son avis sur un épisode et évoque l’idée de développer l’histoire autrement…) Eh bien faisons-le : « Vous connaissez le Jeu de Rôle ? » 😉
Conseil n°2 : Décrivez l’univers du jeu sans en faire une encyclopédie !
Maintenant que vous en savez plus sur vos joueurs, nous allons définir dans quel univers vous allez les faire évoluer. L’univers c’est votre domaine de Maître du Jeu. En tant que MJ vous êtes le garant de tout le background dans lequel vos joueurs vont évoluer.
Dans le cadre d’une initiation au Jeu de Rôle, il faut exposer suffisamment d’éléments pour qu’ils puissent se projeter sans les noyer dans les détails.
Est-ce que l’histoire va évoluer dans un univers médiéval-fantastique comme le classique Dungeon & Dragons ? Allez-vous vous orienter vers la science-fiction ambiance Star Wars ou encore dans un univers unique et original ? 🤠
(Crédit : CasusTV, avec l’auteur à succès Maxime Chattam)
Si vous êtes un Maître de Jeu aguerri, je ne saurai trop vous conseiller de vous adapter à vos joueurs (comme nous l’avons vu dans le point précédent), quel que soit le scénario. C’est la meilleure façon pour choisir votre Jeu de Rôle pour initiation.
En revanche, si vous débutez et que vous ne maîtrisez qu’un seul univers, expliquez votre vision. Par exemple, l’ambiance médiévale-fantastique est assez vaste. De Tolkien à Games of Thrones en passant par Stormbringer, les interprétations sont inépuisables.
Décrivez les grandes lignes du monde dans lequel les personnages évoluent. Ne rentrez pas forcément dans tous les détails géopolitiques, mais détaillez ce qui fait la spécificité de l’univers. Les kits d’initiation au JDR sont prévus comme cela. Pour donner un avant-goût.
De nos jours et bien que l’internet nous ouvre une énorme porte d’accès à la connaissance, qui est capable de situer tous les pays sur une mappemonde, de citer toutes les religions existantes et connaître toutes les coutumes de tous les habitants de la terre ?… Alors, dans un univers médiéval, quand on connaissait ce qui se passait à 100 km, c’était déjà pas mal. 🙃
Conseil n°3 : Utilisez des règles simples et efficaces 🎲
L’utilité des règles est de simuler la part de hasard qui existe et, il faut bien se l’avouer, sert aussi à mettre du piment dans votre partie.
Comme pour les univers il existe autant de règles que de JDR. Pour une initiation au Jeu de Rôle, il est préférable de mettre l’action et les joueurs au centre de votre partie.
Vous pouvez utiliser des règles universelles comme celle du Basic System ou de D&D utilisées par exemple dans les JDR Chroniques Oubliées. Bien sûr, toutes les règles fournies dans les différents kits d’initiation sont valables. L’avantage, c’est qu’elles sont facilement explicables à quelqu’un qui n’a jamais jouer au Jeu de Rôle.
👉 Tout le monde comprend la notion d’avoir 40 % de chances de réussir.
Ne noyez pas vos joueurs dans une multitude de règles. On part du principe que l’on joue que pour une seule séance, pour initier au JDR. Encore une fois : les joueurs et l’action seront au coeur de votre partie.
Ex : Un de mes joueurs, qui incarne un elfe, décide au milieu d’une bataille de prendre son bouclier comme un skateboard et de dévaler un escalier rempli d’orcs tout en tirant à l’arc ! (Légo’, on parle de toi là 🖐). Dans une partie d’initiation au JDR, je me contenterais de déterminer un niveau de difficulté en opposition avec sa dextérité et je me lancerais dans une description épique de sa réussite ou de son échec. Je n’irais pas prendre en compte la résistance du bouclier et le degré de pente de l’escalier, ainsi que le fait qu’il ne peut se déplacer que de 10 mètres par round.
Pour beaucoup de nouveaux joueurs, leur références sont le cinéma ou les séries : ils auront envie d’être des héros ! Si votre joueur est un fan de Bruce Willis, il tentera des actions comme son héros. Offrez-leur une histoire qui les met en avant !
J’ai pris pour habitude de partir avec un système très simple de règles, souvent celui en opposition d’un niveau de difficulté pour la première partie. Ensuite, j’intègre de nouvelles règles petit à petit (par exemple, la gestion d’attaques groupées, la notion de repos pour récupérer les points de vie, etc… ). J’aborde à peine la notion de niveaux et d’expérience.
La dynamique de la table ne doit pas être stoppée pour aller vérifier un point de règles. Vous rectifierez le tir plus tard. Lors d’une prochaine séance, vous expliquerez en début de partie les nouveaux points de règles ou les réajustements que vous fait après avoir relu le manuel. 📗
Conseil n°4 : Créez des personnages qui vont devenir des héros
Comme pour les règles, la création de personnage ne doit pas devenir un long périple. Les personnages pré-tirés permettent de rentrer rapidement dans la partie. Mais l’inconvénient est qu’il peut être plus difficile pour un nouveau joueur de s’approprier complètement son rôle.
Pourquoi pas ne pas avoir un pré-tiré incomplet ? Vous pouvez par exemple laisser :
- le choix du nom et une partie de son histoire ;
- le choix de certaines compétences spéciales en fonction de système de règles ;
- une arme ou un objet fétiche ;
- la relation avec un autre personnage ;
- une partie de son caractère.
Vous êtes là pour guider les joueurs à s’approprier leur rôle. C’est le premier pas vers un roleplay qui va dynamiser vos parties.
Si vous choisissez la création de personnage complète, gardez en tête que cela doit être un moment fun et une première porte vers votre scénario.
La création doit être semi-guidée. Posez des questions aux joueurs :
- A-t-il un personnage de série qu’il adore ?
- Quelles pourraient être ses forces ?
- A-t-il des particularités spécifiques physiques ?
- A-t-il une histoire particulière ? En fonction de l’univers de jeu, affinez les possibilités.
Pour ma part, j’organise la création des personnages en dehors de la séance de jeu. Cela me permet de moduler le scénario en fonction des joueurs et de permettre une meilleure immersion. C’est un moment où l’on peut discuter règles, exposer un peu plus l’univers, être vigilant à l’équilibre des personnages entre eux (le cas du magicien Niveau 1 dans un groupe de joueurs est un sujet à lui tout seul !).
Si la création se passe bien, ils ont tout de suite envie de jouer… La partie est gagnée ! L’initiation au Jeu de Rôle va être un super moment. 😁
Conseil n°5 : Jouez et amusez-vous !
Ça y est, tout est prêt ! C’est le moment de vous amuser. Expliquez votre rôle de Meneur de Jeu : vous êtes à la fois conteur et auditeur de l’histoire.
Ne vous posez pas 1000 questions, le scénario que vous avez choisi est bon (surtout s’il s’agit d’un scénario One Shot !). Dans beaucoup de kits d’initiation au JDR, le scénario fourni est suffisant. Sinon le web regorge de sites regroupant nombre de scénarios.
Prévoyez court, entre 2 et 4 heures maximum. Votre atout majeur est l’idée : vous devez pouvoir résumer votre scénario en une phrase simple qui vous sert de guide pour l’ensemble de la partie.
Exemple : Vous devez ramener un anneau maléfique à l’endroit où il a été forgé afin de le faire fondre pour empêcher un Sorcier de l’utiliser à des fins démoniaques. 💍
N’oubliez pas de bien définir le méchant de l’histoire. Vos joueurs vont exister en opposition aux objectifs du ou des méchants.
Vos joueurs sont débutants : ils vont vous laisser prendre les rênes dans un premier temps. Votre première description doit être une vraie mise en ambiance.
Imaginons que vous mettez les joueurs dans un univers horreur fantastique, style Appel de Cthulhu, et qu’ils sont invités à l’inauguration d’une salle de musée. Soignez votre description, utilisez les ressources du web pour montrer des photos et des plans. Mettez également une musique qui appuiera l’ambiance.
Passez à l’action ! Une fois votre mise en place effectuée, offrez rapidement à vos joueurs une scène d’action. 💪
Ces scènes sont les plus simples pour utiliser le système de jeu et pour permettre à vos joueurs de tout de suite rentrer dans la peau de leurs personnages et comprendre le grand principe de jouer aux Jeu de Rôle : choisir des actions en fonction de leurs capacités.
La partie va passer d’une initiation au Jeu de Rôle à un véritable moment de partage, de l’excitation de faire prendre des risques à son personnage, de tensions quand le jet de dés n’est pas bon, et de rires lors d’actions d’éclats ! 😂
Ensuite, laissez les joueurs entrer dans le scénario, s’emparer de l’histoire. Prenez les règles pour ce qu’elles sont : une manière de faire avancer l’histoire de manière non-arbitraire. N’hésitez pas à faire des entorses aux règles si cela est nécessaire.
Pour ma part, en initiation, je ne tue jamais un personnage.
L’initiation au Jeu de Rôle est souvent décrite comme un moment difficile à aborder. Il n’en est rien. D’abord, dites-vous que ce n’est qu’un jeu. Clairement, si vos amis n’ont pas aimé, ce n’est pas grave : il existe bien d’autres activités pour partager de bons moments. Si vous proposez d’aller voir un film et que personne n’aime le film, ils ne vont pas vous exclure pour autant.
Cependant, si pendant la partie vous sentez que la flamme prend, rien ne vous empêche de stopper la séance lors d’un climax ou avant une scène qui s’annonce épique et d’annoncer avec un petit sourire en coin que l’on s’arrête là pour aujourd’hui. Ne cédez pas aux protestations de vos joueurs qui veulent continuer et donnez leur rendez-vous la semaine prochaine, comme dans une bonne série dont ils sont les héros ! 🔥
Et surtout n’oubliez pas : initier au Jeu de Rôle, c’est avant tout jouer et vous amuser !
P.-S. : Vous vous demandez si vous êtes réellement prêt à vous lancer dans le Jeu de Rôle ? Thibaut a justement créé un KIT téléchargeable (gratuitement) pour savoir si vous êtes prêt à vous (re)lancer dans un JDR.